Mieux comprendre l’éco-conception web en 2022
À l’heure de l’avènement de la 5G, de l’explosion du streaming, des réseaux sociaux et de la démocratisation du télétravail, la pollution numérique et le besoin d’accéder aux outils informatiques augmentent de façon exponentielle. Cependant, l’aspect immatériel du numérique a tendance à faire oublier son impact croissant sur l’environnement.
Saviez-vous par exemple qu’en moyenne envoyer 20 mails par jour pollue autant que parcourir 100 km en voiture ? Que le numérique représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et risque de doubler d’ici à 2025 ?
Le constat est clair, internet pollue ! Bien que la majorité de cette pollution soit due à la fabrication même des appareils connectés et à la consommation des data centers, ce problème concerne l’ensemble des acteurs du numérique et notamment les agences web. Ainsi, ces dernières années, nous entendons de plus en plus parler d’éco-conception web, de green UX ou encore d’éco-design, mais concrètement, l’éco-conception, c’est quoi ?
Qu’est-ce que l’éco-conception web ? Le green IT ? Le green UX ?
Par définition, l’éco-conception web est un terme générique qui peut s’appliquer à bien des domaines et qui reflète la volonté de prendre en compte la dimension environnementale dans la manière de concevoir les équipements, les produits ou services. Lorsque cette démarche d’éco-conception web est appliquée au numérique, on utilise le terme « numérique responsable » (ou green IT). À l’échelle de la conception d’un site internet, le terme le plus couramment employé est « éco-conception web » (ou green UX).
Il faut savoir que consulter un site internet consomme de l’énergie. Plus le site est complexe et plus il rejette du CO2. Ainsi, en green UX, on va chercher à fluidifier au maximum le parcours utilisateur de manière qu’il puisse accéder le plus rapidement possible à une information tout en optimisant au mieux les contenus et les ressources nécessaires à son affichage.
Les piliers du green UX
Dans l’ouvrage de référence en France (Éco-conception web : les 115 bonnes pratiques – Éditions Eyrolles), le green UX s’articule autour de trois piliers fondamentaux :
La simplicité : réduire les fonctionnalités, l’arborescence et la longueur des pages.
La pertinence : minimiser le temps pour effectuer une tâche ou trouver une information.
La frugalité : optimiser les contenus, le code et ne garder que l’essentiel.
De plus, bien que le « green » dans le nom fasse écho à la dimension écologique, le green UX n’a pas un impact uniquement sur la planète. Un site conçu de manière légère et intelligente favorisera d’autres éléments :
L’équité sociale : un site simple et épuré sera plus accessible sur de vieux appareils.
L’accessibilité : un code propre facilitera la lecture aux logiciels dédiés aux handicaps.
La performance économique : des temps de chargement optimisés favoriseront l’expérience utilisateur, et donc la conversion (inscriptions, ventes, prises de contact…).
Green UX, les bonnes pratiques
La prise de conscience écologique du numérique est finalement assez récente et il est difficile de mesurer précisément l’impact réel d’un site internet sur notre environnement. Cependant, même avec notre faible recul, nous pouvons agir. Le but de cet article est de vous fournir une liste pratique des leviers d’action à votre disposition pour minimiser le gaspillage d’énergie, et de vous aider à vous assurer que les produits que vous créez sont aussi économes en énergie que possible.
1. Optimiser l’expérience utilisateur
Les aspirations de l’éco-conception web rejoignent les enjeux UX sur de nombreux points (l’utilisabilité, l’efficience, la performance…) et les deux approches tendent à proposer une expérience accessible, instinctive et simple afin d’offrir à l’utilisateur ce qu’il est venu chercher le plus rapidement et le plus efficacement possible. Une expérience utilisateur bien pensée, avec des parcours et des fonctionnalités réfléchis, réduira la quantité d’énergie gaspillée à naviguer vers des pages qui ne servent pas le bon objectif, et améliorera le confort de l’utilisateur. Gagnant-gagnant, donc !
2. Alléger le design
Sur la plupart des sites web, les images et les vidéos sont les principaux contributeurs au poids de la page. Plus vous en utilisez, plus vous devez transférer de données, et plus vous consommez d’énergie. Indépendamment de toute optimisation technique, les concepteurs et les créateurs de contenus doivent donc réfléchir attentivement à leur utilisation.
- L’image/la vidéo ajoute-t-elle réellement de la valeur à l’interface ?
- Communique-t-elle des informations utiles ?
- Le même impact pourrait-il être obtenu si l’image/la vidéo était plus petite ?
Se poser ces questions simples dès la conception améliorera la pertinence finale du design, impactera positivement l’expérience utilisateur, et aidera à réduire la consommation d’énergie.
3. Choisir ses polices de caractères avec soin
La typographie est une composante essentielle du design d’interface mais pèse dans la balance énergétique. En multipliant les polices et en variant les graisses, vous ajoutez à chaque fois un fichier supplémentaire à télécharger, ce qui impacte donc le bilan énergétique de votre site internet. Il existe plusieurs solutions simples à mettre en place :
- Optimiser le nombre de polices totales ainsi que leurs formats.
- Choisir des polices de caractères variables (1 seul fichier pour plusieurs graisses).
- Choisir des polices système qui ne nécessitent aucun transfert de données.
- S’interroger sur la pertinence des variations de graisses dans votre design.
Non seulement un kit typographique sobre et bien réfléchi sera bénéfique pour la planète, mais il améliorera également la compréhension de l’information pour vos utilisateurs.
4. Utiliser le mode sombre à bon escient
Porte-étendard de l’éco-conception brandi par de nombreuses agences web travaillant sur le sujet, le mode sombre présente de multiples avantages (accessibilité, confort visuel), mais d’un point de vue énergétique il n’est efficace que pour réduire la consommation des écrans OLED. Malheureusement, pour l’heure, il n’existe que quelques téléphones mobiles à écran OLED. L’économie énergétique réelle est donc assez limitée au regard de la mise en avant que certaines agences peuvent en faire.
5. Soigner son contenu rédactionnel
Grandes oubliées des critères d’éco-conception mis en avant par les agences web, la qualité et la quantité du contenu ont un effet significatif sur l’impact énergétique de votre site internet ! Un contenu clair, soigné et efficace facilitera l’accès aux informations, réduira la longueur des pages, le temps perdu sur internet, et à terme le bilan carbone de votre site. Adieu donc les paragraphes à rallonge, allez à l’essentiel !
6. Améliorer son référencement naturel
Au premier abord, le sujet du référencement peut paraître éloigné de notre sujet, mais dans la pratique, les objectifs du référencement sont intrinsèquement alignés sur l’objectif de réduction de la consommation d’énergie. Avec un référencement optimisé, les internautes passent moins de temps à naviguer sur le web à la recherche d’informations, et visitent moins de pages qui ne répondent pas à leurs besoins. Cela signifie une navigation qualitative pour l’utilisateur, et moins énergivore pour la planète.
7. Mettre en place un « green code »
La manière dont le site a été codé influe considérablement sur le temps de calcul du processeur, et par la suite sur la consommation d’énergie. De ce fait, un code propre et épuré, appelé aussi « green code », s’inscrit dans le cadre de l’éco-conception web. Veillez à éviter les doublons et à écrire des requêtes efficaces. Si vous utilisez des frameworks et des bibliothèques existants, assurez-vous qu’ils sont également affinés et optimisés pour les fonctionnalités dont vous avez besoin.
Un code propre, minifié, bien pensé et bien écrit, c’est un site rapide à charger, qui améliore l’expérience utilisateur et impacte positivement vos taux de conversion.
Tout le monde en sort gagnant, y compris l’environnement !
8. Opter pour un hébergement vert
Les data centers qui hébergent les données des milliers de sites web constituent de gros consommateurs d’énergie puisqu’ils fonctionnent 24h/24 et 7j/7. Il est donc préférable de choisir des partenaires qui garantissent un approvisionnement en énergie renouvelable et, autant que possible, de choisir des data centers situés au plus près de vos audiences afin de limiter la distance à parcourir pour les données.
Conclusion
Au même titre que l’accessibilité est devenue un standard à respecter lors de la création d’un site internet, il est assez évident que l’éco-conception web va et doit se populariser dans les années à venir.
S’assurer que toutes les idées énoncées précédemment sont intégrées à la réflexion de vos solutions digitales mènera à une amélioration des performances, à plus de satisfaction pour les utilisateurs et à une réduction de l’impact environnemental.
Pour les entreprises désireuses de construire un web plus durable, veillez bien à ce que l’offre d’éco-conception proposée couvre l’ensemble des points développés dans cet article, au risque de voir votre démarche de green UX se transformer en greenwashing et d’en subir les conséquences néfastes.
Avec du bon sens, de la volonté, il est possible de créer un web plus inclusif, moins polluant et proposant toujours une meilleure expérience ! C’est en participant chacun à notre échelle que nous produirons un web qui consomme moins, et que nous ferons changer les choses.